Le général Aubert Frère, un enfant de Grévillers, et son épouse Pauline — Le destin d'un couple

Résumé

Le destin réunit deux personnes qui vont vivre des événements hors du commun. Le rôle de l’épouse se révèle particulièrement. Il met en valeur son caractère et ses valeurs humaines. Aubert Frère, enfant de Grévillers (village du Pas-de-Calais), est né en 1881 dans une famille de cultivateurs habitant le village depuis trois siècles. La carrière militaire s’ouvre à lui, alors que sa destinée le conduisait à reprendre la ferme familiale. À 21 ans, Saint-Cyrien, jeune sous-lieutenant, il fait ses premières armes en Algérie sous la direction du général Lyautey, aux confins de l’actuel Sahara, enjeu du dessin des frontières avec le Maroc. 

En mai 1914, après une période de douze ans hors de la métropole, le capitaine Frère épouse Pauline née Legrand, fille de commerçants connus sur la Petite Place d’Arras pour leur magasin de faïences depuis 1860. Pauline est sa cousine issue de germaine, elle a alors 20 ans et lui 33 ans. Les premiers mois de leur mariage sont entachés par l’entrée en guerre de l’été 1914 et les graves blessures, subies au front par le commandant, puis le lieutenant-colonel Frère. Ensuite, il gravit brillamment tous les échelons de la vie militaire : direction de l’École des chars, de l’École de Saint-Cyr, des régions militaires de Nancy, Rouen et Strasbourg. Le 17 mai 1940, le général Frère est appelé à la rescousse, à la tête de la VIIe Armée qu’il dirige dans la retraite et à laquelle il évite des pertes inutiles. 

Ce brillant soldat, fidèle à ses engagements vis-à-vis du maréchal Pétain, est mis à la retraite en septembre 1942. Il crée l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA) qu’il dirige jusqu’au 13 juin 1943. Arrêté par la Gestapo, le couple Frère est déporté, lui au Struthof où il meurt, elle à Ravensbrück dont elle reviendra en juin 1945. Dès lors, elle consacre sa vie à la mémoire de son mari et à la conservation du camp du Struthof, devenu depuis 2005 le Centre européen du résistant déporté (CERD). Le portrait du couple se découvre au fur et à mesure de la lecture de documents et de témoignages qui éclairent les destins uniques et attachants d’Aubert et Pauline Frère.